Rapport annuel 2021
Une journaliste de Studio Tamani, programme de la Fondation Hirondelle interviewe des patients à l’hôpital de Kayes, Mali © Florent Vergnes / Fondation Hirondelle

Le programme de la Fondation Hirondelle

Une nouvelle stratégie pour 2021-2024

La Fondation Hirondelle a commencé en 2021 un nouveau programme stratégique quadriennal dont l’objectif est de contribuer à des sociétés pacifiques, inclusives, démocratiques et justes, en référence à l’objectif 16 des Objectifs de développement durable. Notre contribution se fait par l’action médiatique : le travail journalistique de qualité et la création d’espaces de dialogue au sein des sociétés. Nous avons conservé notre mission, fournir de l’information à des populations confrontées à des crises, pour leur permettre d’agir dans leur vie quotidienne et citoyenne, et notre action vise à ce que toute personne, y compris les plus marginalisées dont les femmes ou les jeunes, soit informée et puisse participer à la vie civique grâce à des médias d’intérêt public et responsables.

La continuité avec les objectifs du programme 2017-2020 est assurée. Nous avons deux axes opérationnels qui sont le cœur de notre action : la production et la diffusion de contenus journalistiques et le renforcement des capacités des médias partenaires. Un troisième axe vise le renforcement de notre organisation, afin d’être en mesure de remplir notre mission et d’être financièrement plus indépendant, efficace, agile et durable. Enfin deux axes transversaux aux trois premiers se concentrent sur la recherche de partenaires complémentaires à notre approche, et sur la production d’études et de recherches pour améliorer et partager nos connaissances.

Ce programme est le cadre de référence de notre contrat de partenariat institutionnel avec la Direction du développement et de la coopération (DDC) suisse.

 

Chiffres clés 2021

10 opérations médiatiques, dans

20 pays, sur 3 continents

12 522 heures de programmes audio

327 heures de programmes vidéo

10 602 articles sur le web

1 159 470 utilisateurs·trices de nos sites web

542 172 abonné·es Facebook et Twitter

545 médias soutenus

550 personnes formées

 

Audience de nos 6 médias :

7 millions d’auditeurs·trices régulier·ères

(sondage Kantar 2020)

Les médias face à un monde en crises

Les espoirs étaient grands en 2021 de voir se réaliser le monde d’après. Le monde d’après la crise Covid, d’après les menaces contre les médias indépendants, mais la situation générale sur la liberté d’expression et des médias, présentée dans le rapport annuel de l’UNESCO, demeure sombre : la pandémie et des tensions géopolitiques ont augmenté la fragilité économique des médias et les restrictions de la liberté de la presse à travers le monde. Les collègues et partenaires au Myanmar en ont fait les frais dès le lendemain du coup d’Etat de février. Au Sahel, les coups d’Etat au Mali et en Guinée, où nous avons respectivement une rédaction – Studio Tamani – et des partenaires, ont également forcé les médias à redéfinir leur espace d’expression entre liberté garantie, auto-censure et arrestations.

Alors que les questions sanitaires et de santé pré-Covid, comme la lutte contre la malaria ou le choléra, reprenaient de l’importance dans les préoccupations des populations des pays où nous travaillons, les questions sécuritaires, économiques et sociales ont également fait l’objet de notre couverture éditoriale. Au Sahel, Studio Yafa a développé un programme spécial pour les personnes déplacées internes au Burkina Faso, plus d’un million et demi dans le pays au 31 décembre 2021, fragilisées par l’insécurité endémique au Nord du pays et le manque de structures d’accueil. En Centrafrique, Radio Ndeke Luka a agrandi sa couverture FM avec de nouveaux émetteurs élargissant ainsi son bassin d’auditeur•rice•s pour combler les déserts informationnels, et installer de nouvelles sources d’informations.

 

De nouveaux partenariats avec des médias existants se sont développés à Madagascar et au Burundi, et se sont maintenus en Tunisie, en RD Congo et au Pakistan. Studio Sifaka à Madagascar est passé du statut de projet de la Fondation Hirondelle à celui d’entité locale de droit malgache partenaire de la Fondation. Au Burundi, nouveau projet démarré en mai, ce sont 10 médias locaux, de tous types, qui bénéficient des formations et du soutien de nos experts. Nous avons donc continué à collecter et vérifier les faits, ouvrir des espaces de dialogue, donner la parole, rendre accessible l’information par le choix des langues locales et des supports de diffusion les plus adaptés dans des contextes où la violence et la pauvreté ferment les horizons. Mais ce ne fut pas sans obstacles. Les enjeux et défis posés par la désinformation, et les réponses possibles, ici et là-bas, ont été thématisés dans une note de concept qui a permis de présenter notre approche issue de plus de 25 ans d’expérience, mise à jour dans le contexte des nouveaux acteurs de la désinformation.

Au niveau institutionnel, plusieurs réorganisations internes, en lien avec le nouveau programme stratégique, ont débouché sur la création d’un poste de Chargée de suivi, évaluation, redevabilité et apprentissage au siège, ainsi que sur le renforcement de l’équipe des Opérations sur les terrains et à Lausanne. La Fondation a poursuivi son implication dans les instances multilatérales en charge de la reconnaissance du rôle des médias, notamment en rejoignant le Comité de pilotage du Global Forum for Media Development et le campus du Journalism Trust Initiative. Le Conseil de Fondation a accompagné la Direction durant tous ces développements et a validé une nouvelle politique de Sécurité, mise à jour essentielle étant donné la mission et les lieux d’opérations de la Fondation. La sécurité, un souci qui touche aussi bien les petites radios communautaires au Sahel que les médias attaqués aujourd’hui en Ukraine.