Alors que le niveau des besoins humanitaires à travers le monde n’a jamais été aussi élevé, avec les effets de la pandémie de COVID-19 s’ajoutant à ceux des conflits et du changement climatique, les médias peuvent être des outils puissants pour aider les communautés à faire face aux crises humanitaires.
En 2021, le monde a connu le plus haut niveau de crises humanitaires depuis des décennies : conflits, changement climatique, pandémie de Covid -19… Dans les pays où la Fondation Hirondelle est présente, l’insécurité alimentaire, l’extrême pauvreté et les déplacements forcés de population ont augmenté de manière significative.
Cette année, les Nations unies ont estimé à 235 millions le nombre de personnes dans le monde ayant besoin d’aide humanitaire. Les projections pour l’année à venir sont pires : en avril 2022, ce chiffre a bondi à 295 millions* – soit 1 personne sur 27, contre 1 sur 45 en 2019.
Les médias peuvent être un outil puissant pour aider ces personnes à faire face aux crises humanitaires. Dans ces contextes, fournir des informations pratiques – comme la façon de rendre l’eau potable ou les endroits où trouver de la nourriture et un abri – peut faire la différence entre la vie et la mort. Les médias peuvent contrer les rumeurs dangereuses (« les Noirs ne peuvent pas attraper le Covid »… « les travailleurs humanitaires viennent ici pour nous tuer ») ; ils peuvent mettre en lumière les solutions mises en oeuvre par les populations touchées et attirer l’attention sur les zones où les besoins sont les plus importants.
Dans de nombreuses régions, l’insécurité rend l’accès de l’aide humanitaire de plus en plus difficile. Même si elle ne peut remplacer les livraisons de médicaments ou de nourriture qui tardent, une information pertinente et fiable est, en soi, une forme d’aide qui peut grandement aider les gens à gérer leur situation et à prendre les bonnes décisions. Les médias peuvent atteindre instantanément des centaines de milliers de personnes, y compris dans des régions inaccessibles aux organismes d’aide.
La Fondation Hirondelle, qui opère dans des contextes de crise humanitaire depuis 1995, conçoit des programmes pour répondre aux besoins d’information spécifiques des personnes touchées par ces crises. En octobre 2021, notre équipe au Burkina Faso a lancé Faso Yafa, programme radio hebdomadaire de 30 minutes pour soutenir les 1,7 million de personnes déplacées dans le pays. En plus de partager des informations pratiques, telles que les numéros d’assistance téléphonique pour l’aide humanitaire et les conseils d’un psychologue sur la gestion du stress et des traumatismes, le programme cherche à divertir, en racontant des histoires et en diffusant de la musique, car de nombreux auditeurs ont également besoin de répit dans leur situation difficile.
Les déplacements massifs de populations entraînent souvent des tensions avec les communautés d’accueil, surtout si ces dernières connaissent déjà des conditions de vie précaires. Un afflux important de personnes vulnérables peut susciter la colère, la stigmatisation, les conflits pour les ressources et parfois la violence. Cela a été le cas à Cox’s Bazar, au Bangladesh, où quelque 900 000 Rohingyas demeurent dans des camps après avoir fui une vague de persécutions qui a débuté au Myanmar en 2017. L’année suivante, la Fondation Hirondelle a lancé un programme qui visait à renforcer l’entente entre les réfugiés et les communautés d’accueil, en utilisant la radio comme espace de dialogue pour accroître la compréhension et l’acceptation mutuelles. En 2021, nous avons pu évaluer l’impact de ce travail auprès des communautés d’accueil : 60% des personnes interrogées ont déclaré que ces programmes ont augmenté leur tolérance envers les réfugiés.
Les réalisateurs de tels programmes doivent emmagasiner des compétences spécifiques – au-delà du journalisme traditionnel – pour développer un contenu utile aux populations touchées par une crise humanitaire. C’est pourquoi la Fondation Hirondelle forme son personnel et ses partenaires à une communication efficace avec ces publics : comment naviguer et s’engager dans le système humanitaire, quels types d’informations sont les plus pertinents, comment s’assurer que les communautés affectées fassent entendre leur voix… Jusqu’à présent, cette formation a été dispensée au Burkina Faso, en se concentrant sur les besoins des personnes déplacées, et au Niger, où des conflits et l’insécurité alimentaire indiquent qu’environ 15 % de la population devrait avoir besoin d’aide humanitaire en 2022.
Malheureusement, les prévisions et les événements récents – notamment l’invasion de l’Ukraine par la Russie – montrent que le besoin de telles compétences sera encore plus grand dans les mois et dans les années à venir. La Fondation Hirondelle continuera à amplifier ses efforts pour que les médias soient véritablement au service des populations touchées par les crises humanitaires.
*Source: https://hum-insight.info/